L'atelier animé par Milady Renoir / 20/04/13 / Propositions d'ivresses

Publié le 24 Avril 2013

Ivresses, ivresses – atelier 20 avril 2013 – Milady Renoir

  • Brainstorming sur les ivresses, l’ivresse… leurs évocations, ce qui a traversé les ateliers précédents, ce qui a traversé les participants avant, pendant et après ces ateliers… pioche orale à mots.

Mots donnés du groupe: Perdre la tête/s’éclater/étourdissement/sauter/déchirer les mots/livresque des mots/sensations bizarres/découverte/liberté/libertés/
alcools/alcoolique/hic et nunc/vertige/délire/bonheur/amour, amour, amour/ passions/folâtrer/jouir/absences/humour/rêver/ oubli/regrets/gaîté/partage/folie/…

  • Petite mise en bouche / ritournelle comprenant les mots entendus, notés, aimés, pas aimés, les vôtres, ceux des autres et ceux qui vous viennent au fur et à mesure.
    Une liste d’ivresses des plus fondamentales aux plus originales
    avec chaque phrase/vers débutant par Ivre de…
    Consigne physique : Ecrire sans lever la tête ou le bras.
    Rester dans votre texte/tête.
  • Ivresse comme perdition, errance, perte de repères :
    Pendant la consigne, visionnage de ANEMIC CINEMA de Marcel Duchamp : http://www.youtube.com/watch?v=dXINTf8kXCc
    Sur une feuille A3, dessiner un labyrinthe/un parcours.
    Fermer quelques accès/Penser entrée & sortie.
    Ajouter quelques stratagèmes de récit (couleurs à votre disposition) tels que… (propositions) :
    - pointillés qui pourraient représenter des ellipses de temps ou d’espace dans le récit à venir
    - ponctuation déjà écrite (avant) les phrases
    - oscillations (dessin de courbes) pour exprimer le ralenti ou une hésitation
    et toute autre invention schématique
    et tout dessin de son choix sur cette feuille.
    Laisser quand même de la place pour écrire.
    +
    Incipit pour tous : Qui a bu n’a pas de secrets.
    +
    Ambiance visuelle & sonore :
    1er film de John Whitney appelé Matrix III (1972) (graphics programming by Dean Anschultz, music by Terry Riley : http://www.youtube.com/watch?v=ZrKgyY5aDvA&NR=1&feature=endscreen
    & 2nd film de http://www.youtube.com/watch?v=nTEABxz1e_k de John & James Whitney - "Five Film Exercises" Film 4 (1944)
    + mots imposés lus à une fréquence irrégulière à ajouter tels quels dans son « récit ».
    Ecrire dans le labyrinthe, suivant obstacles/passerelles/signalisation.
    FIN : Qui a bu n’a pas de secrets.
  • Ivresse comme Insomnie et Sommeil, Rêve et Cauchemar, Réalité et Etrangeté (Cf. Les dormeurs de Violette Leduc, Sommeil de Murakami)

Après la lecture des deux extraits de ces ouvrages,
laissez-vous guider par ce qui vient durant les lectures.
Evocation de mauvaises nuits ou de nuits blanches volontaires, quand le sommeil ou son manque nous emportent entre réalité et rêve.
+
Dans votre récit, n’hésitez pas à mélanger ces deux mondes ou à glisser de l’un à l’autre. Vos genres favoris peuvent être appliqués ici (roman policier, fantastique, science fiction
+ Consigne supplémentaire : Ecrire au présent (sauf pour flash backs).
35 min d’écriture pas annoncées, on ne pense pas ainsi à une chute, on écrit sans se poser la question de la fin.
DONC
Ecoutez les yeux fermés la lecture des extraits des deux ouvrages : P9-15 pour Leduc & P7-10 – puis ouvrez les pour écrire.

  • Ivresse comme Ivresse et ses lieux, ses gens et les raccourcis des paroles de ces lieux et gens.
    Richard Morgiève est un romancier, qqs pièces de théâtre et scenarii à son actif, il est aussi un écorché de la vie avec une biographie plutôt dense.
    Ses personnages sont souvent des désespérés sublimes, des gens de tous les soirs et des personnages très habités.
    Une de ses inventions d’écriture est de ne pas terminer les phrases qui sont évidentes, du moins pour l’auteur ou pour le narrateur voire pour le lecteur.
    Par ex., les expressions toutes faites, les phrases dont on a compris le sens avant qu’elles se terminent, l’auteur ne les termine pas.
    Ceci est un indice pour la consigne.
    - Piochez chacun un petit papier et découvrez des répliques cultes de Michel Audiard.
    (http://www.cinetrafic.fr/liste-film/371/1/les-dialogues-memorables-de-michel-audiard & http://www.topito.com/top-21-des-repliques-cultes-signees-audiard & http://www.evene.fr/citations/michel-audiard)
    - Formez des duos/trios d’auteurs.
    - Décidez chacun d’un thème que vous traiterez.
    Tout sujet de comptoir ou de salon bienvenu.
    - Chacun écrit de son côté pendant une dizaine de minutes quelques idées et quelques développements.
    - Retrouvez vous avec vos idées, vos qqs phrases, et tentez d’écrire un dialogue ENSEMBLE à partir de ce que vous avez traité. Amusez vous à ne pas terminer certaines phrase, à répéter certains débuts, certaines fins, de ne pas chercher à faire sens, à ne pas forcément dialoguer…
    + Comme au théâtre, ajoutez des didascalies - Une didascalie, dans le texte d'une pièce de théâtre ou le scénario d'un film, est une note ou un paragraphe, rédigé par l'auteur à destination des acteurs ou du metteur en scène, donnant des indications d'action, de jeu ou de mise en scène.
    Elle permet de donner des informations, notamment, sur le comportement, l'humeur ou encore la tenue vestimentaire d'un personnage.
    Didascalies nominatives qui ont pour fonction de désigner une personne
    Didascalies énonciatives qui renvoient aux didascalies qui définissent les conditions dans lesquelles est produit l'acte de parole (Type "à part", "seul"...)
    Didascalies énonciatrices qui indiquent à qui un personnage parle
    Didascalies mélodiques qui donnent des indications sur le ton (exemple : "avec joie", "en colère"...)
    Didascalies locatives : elles désignent le lieu de l'action
    Didascalies Kinésiques : elles indiquent les gestes, les déplacements, les mouvem
    ents...

    Lectures des dialogues par mini groupes, au comptoir.
  • Ivresse comme Folie/Dédoublement

    Lecture de deux poèmes de Christophe Tarkos :
    Caisses (1998) & extrait de Ouvriers vivants (2000 – extrait de PAN publié chez POL)
    Alternance du narrateur en JE et en TU. Soit des réponses entre les deux, désaccords/des accords – Dialogue intérieur ou…
    Répétitions bienvenues avec rebondissement sur le son ou/et le sens des mots.
    Visionnage des 3, 4 premières minutes de un homme qui dort adapté de et par Perec et de Bernard Queysanne : http://www.dailymotion.com/video/x3svpv_georges-perec-un-homme-qui-dort_shortfilms#.UXGYjUp2b80

    EXTRAIT :
    Tu vas au Louvre le dimanche

Tu marches le long des trottoirs, tu regardes dans les caniveaux, dans l'espace plus ou moins large qui sépare les voitures garées du rebord de la chaussée. Tu y trouve des billes, des petits ressorts, des anneaux, des pièces de monnaie, des gants parfois, un portefeuille un jour, avec un peu d'argent, des lettres, des photos qui t'ont presque tiré les larmes des yeux.

Tu regardes les joueurs de cartes dans les jardins du Luxembourg, les grandes eaux du Palais de Chaillot, tu vas au Louvre le dimanche, traversant sans t'arrêter toutes les salles, te postant pour finir près d'un unique tableau ou d'un unique objet : le portrait incroyablement énergique d'un homme de la Renaissance, avec une toute petite cicatrice au-dessus de la lèvre supérieure, à gauche, c'est à dire à gauche pour lui, à droite pour toi, ou bien une pierre gravée, une petite cuiller égyptienne devant laquelle tu restes une heure, deux heures avant de repartir sans te retourner.

Marche incessante, inlassable. Tu marches comme un homme qui porterait d'invisibles valises, tu marches comme un homme qui suivrait son ombre. Marche d'aveugle, de somnambule, tu avances d'un pas mécanique, interminablement, jusqu'à oublier que tu marches.

Un homme qui dort - Denoël, 1967.

  • Ivresse comme mutation/dispersion/errance/perte d’identité
    (outil de personnification quand le gentilé, le patronyme, l’épithète, le nom du sujet pré-détermine le caractère, l’apparence, la parole du personnage).

    Reprendre un extrait choisi du dernier texte d’alternance en JE & TU. Re-Composer avec lui avec des noms de personnages en vrac, soit qu’ils représentent qqch par leur nom, leur métier, leur trait de caractère (Jean le Boulanger, Marie la Timide, Charles le Chauve, L’enfant crû, Le Démiurge Con, La dame d’à côté), soit qu’ils évoquent qq1 de votre entourage ou un personnage connu… Leur nom les détermine. Utiliser autant de noms de personnages que possible, même si ce dialogue entre TU et JE n’était qu’un ou deux sujets. Dispersez tout.
    Cf. Le drame de la vie de Valère Novarina (pièce de théâtre à 1001 personnages dont Dieu et Adam).
  • Interlude : Lecture & visionnage de Zui quan (zuì quán / 醉拳 "le poing ivre", aussi traduit parfois en boxe de l'homme ivre) est un des styles de kung-fu dont les gestes ont été inspirés par une personne ivre. Ses mimes exagérés, ses brusques changements de rythme, ses déséquilibres et ses chutes volontaires, en font une pratique très déstabilisante pour l'adversaire. Les maîtres de référence sont appelés les huit immortels, il est possible que ces personnages de la culture chinoise populaire et traditionnelle s'inspirent de personnes historiques réelles. La grande particularité du style est de trouver sa force, le courage et la capacité de faire très mal, dans la faiblesse du pratiquant, par l'utilisation du déséquilibre de son propre corps, et la non résistance aux saisies de l'adversaire ainsi que par l'identification à une personne ivre (on chante en titubant, on tient des propos incohérents, pour désorienter l'autre). L'histoire ne précise pas si tous les maîtres étaient alcooliques, en revanche on les décrit soit comme poètes, voyageurs, sages.
    Voici un court extrait du chant des huit immortels ivres :

"À première vue, il semble ivre, mais en fait il est sobre ; Sous l'apparence de cette ivresse on discerne clairement l'état réel. En fusion, les 8 immortels ne deviennent qu'un. Réunis, leurs points forts et leurs faiblesses, leurs fermetés et leurs souplesses se complètent. Il inspire et sur une expiration s'incline en arrière et tombe le dos à terre, serrant une jarre dans ses bras ;Sous l'alcool, Han Zhongli exécute la danse de l'ivresse avec son éventail. L'immortel ivre Guolao se déplace à califourchon sur sa mule montée à l'envers. La tête lourde et le pas léger, il semble ivre comme s'il marchait dans la boue ;Le troisième immortel Xiangzi joue de sa flûte de fer. N'étant sûr ni de sa gauche ni de sa droite, ne faisant pas de différence entre le haut et la bas ; Voilà le boiteux ivre, dit Li l'immortel à la béquille de fer. Celui qui adore faire sonner ses castagnettes, l'esprit mélancolique ;Cao Guojiu vêtu comme au petit matin exécute sa danse de l'ivresse. […]" - http://www.youtube.com/watch?v=2CtAHLGlRbI

  • Ivresse comme VERTIGE, Aveuglement, Essoufflement, …
    Il manque un peu de sens, de perception à un personnage et ce personnage est dans une pièce (sténopés fournis). Ecrivez principalement à la langue zéro (infinitif) pour décrire sa façon de voir, percevoir.
    Ecrire avec des filtres de perception autour des sténopés de Jean van Cottom (http://users.skynet.be/vudelavallee/) en écoutant les MP3 de Tomassenko: http://www.tomassenko.be/ .

Retours des participants sur l’atelier :

Envie d’écrire mais pas de lire.
Propositions variées/jouer l’ivresse au comptoir= gai
Priorité à l’écriture appréciée
Liberté de ne pas lire donne plus de liberté
Perspectives nouvelles pour écrire
Beau mélange/Sobre ivresse
Exploration de tréfonds
Simplicité des propositions malgré leur technicité et incitatrices d’écriture
Insolite & original pour l’atelier / Aspect sombre et inattendu de son écriture jusqu’ici pas exploité
Bon amusement
Temps vite écoulé

Rédigé par Ateliers d'écriture - Enivrez-vous!

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